Le texte que vous vous apprêtez à lire est le résultat de discussions et de réflexions croisées de nos pratiques respectives à mon ami Thomas PONGO, chercheur en sciences sociales, et moi-même. Je n’ai pas la prétention de délivrer la parole juste. Ce processus réflexif est en constante évolution. Entre le moment où il a été écrit et maintenant, de nombreuses nouvelles intentions sont venues se glisser. Chacun de vous aura sans doute des nuances qu’il aimerait apporter à ces propos, de nouvelles idées pourraient germer. Tout cela est bien entendu le bienvenu.

Pourquoi l’Homme fractale ?

En mathématique, une figure fractale est un objet qui est inchangé quelle que soit l’échelle que l’on prend. C’est-à-dire que si vous zoomez ou dé-zoomez, le dessin reste le même.
Tout est dans tout“, “l’infiniment petit est à l’image de l’infiniment grand“.
Intégrer cette notion à l’Homme est l’idée que l’Homme porte en lui toute la Nature, et aussi que cette Nature contient l’humain. Nous sommes des êtres interreliés quelle que soit l’espèce ou le règne.

Définition

L’écologie, également connue sous les noms de bioécologie, de bionomie ou de science de l’environnement, est la science qui étudie les êtres vivants dans leur milieu, ainsi que les interactions entre eux.

L’écologie intérieure se référera donc à toute pratique qui permet à chaque individu de reconnaître sa propre nature et ses compétences pour mieux s’intégrer dans son environnement privé et professionnel. De mieux comprendre les interactions et ainsi d’améliorer les échanges qu’il aura avec son milieu et les autres individus.

Les principes d’écologie sous-tendent les multiples interactions et échanges entre les différents intervenants d’un même milieu ou entre les différents milieux impliqués. L’écologie met en lumière comment un système peut être amélioré ou déséquilibré par un autre et comment tous les systèmes s’entretiennent. Exemple: un écosystème urbain qui se débarrasse de ses déchets dans un fleuve. Le fleuve sera directement impacté, il apportera les déchets dans la mer. Les échanges climatiques s’en trouveront affectés et une partie de cette pollution retournera à son lieu d’origine de façon directe ou indirecte par l’empoisonnement des poissons consommés, par exemple.

L’écologie intérieure, écologie humaine, se nourrit de ces principes et les met en place pour les interactions des écosystèmes humains. Tant pour des groupes interagissant entre eux que pour les échanges entre individus (l’individu représentant lui-même un écosystème).

Dans un écosystème naturel, l’écologie permet de prendre conscience de l’existence des autres espèces, de leurs besoins et leurs interactions. En écologie intérieure, nous prendrons conscience de nos besoins propres et nous reconnaîtrons les autres réalités avec lesquelles nous sommes amené à interagir. Cela ne peut se faire qu’en unifiant les fonctions humaines: réflexion et ressenti, équilibre entre le cerveau et le corps (certaines traditions parleront d’unifier le corps et l’esprit). Ainsi, nous ne pourrons séparer les réflexions de la nécessité de faire passer l’expérience à travers le corps.
Un exemple facile à comprendre est la différence qu’il peut y avoir entre un traité de natation et l’expérience directe de l’eau. On peut connaître la mécanique des fluides et la bio-mécanique du corps humain dans l’eau, mais rien ne remplace l’expérience directe et les sensations reçues quand on plonge.

Réflexion

Nous retenons de Darwin un modèle principalement basé sur la compétition et la loi du plus fort. Pourtant, des voix de l’époque ont été peu ou mal entendues, voix telle que celle de Kroupotkin qui a constaté et défendu un modèle essentiellement coopératif.
Depuis notre scolarité, nous sommes nourris de ce modèle compétitif et en souffrons. Albert Jacquard, lors d’une interview, dénonce ce fonctionnement dans les facultés de médecine, arguant que ce système apprend plus à abattre ses concitoyens qu’à les soigner.
Un autre exemple est la multiplicité des joggings qui s’organisent partout. Un gagnant, des centaines d’envieux.

Alors, plutôt que penser compétition et concurrence, ne pouvons-nous pas penser émulation et coopération?

« Belle utopie! », direz-vous.

Effectivement, le mental contrôle la plupart de nos actions et met en place les meilleures stratégies pour sortir du lot. Pourtant, lors de catastrophes naturelles, c’est le système coopératif qui se généralise. Il suffit de se rappeler les inondations en Caroline du Nord, USA. Les médias ont fait le buzz en parlant d’émeutes, de scènes de pillage et autres. Quelques temps après, les témoignages ont mis en lumière tous ces gestes de coopération, d’aide altruiste qui se sont mis en place.

La place de l’humain

Dans la tradition asiatique, il est dit que, grâce à sa position verticale, l’Homme est entre le ciel et la terre.
L’homme a la capacité de comprendre et d’organiser son environnement mais cette faculté, quand elle est surdominante, crée un déséquilibre dans lequel l’homme prend le dessus sur tout ce qui l’entoure et croit pouvoir tout dominer.
« L’homme est actif le jour et se couche la nuit de la même manière que le soleil se lève le matin et se couche le soir. » Jean Pelissier
« L’homme, le ciel et la terre se ressemblent. » Neijing Suwen

Pour se faire une idée de cette relation de l’homme à son environnement, il suffit de regarder la trajectoire du soleil sur l’horizon en été et en hiver et la trajectoire de la terre autour du soleil. L’énergie de l’homme suit ces changements ou devrait le faire.
Lorsque nous parlons d’environnement, nous avons tendance à ne voir que ce qui nous entoure. Nous pouvons aussi nous voir comme l’enveloppe extérieure d’un autre environnement: notre environnement intérieur. D’un côté, par la somme de bactéries que nous hébergeons (plus ou moins 38000 bactéries pour plus ou moins 30000 cellules humaines), d’un autre côté, par nos environnements culturels, émotionnels, sociaux, éducatifs, etc.

Intérieur/extérieur

De la même manière que différents écosystèmes interagissent, un humain, écosystème propre, a besoin de ses semblables pour vivre. Ainsi, prendre conscience de son environnement, qu’il soit culturel, social, sociétal ou environnemental est une première étape. La seconde serait de comprendre son propre fonctionnement intérieur.
« Notre structure mentale est sous-tendue par notre structure émotionnelle » (Frédéric Lenoir).
Ceci signifie que notre façon de penser est le résultat des émotions qui ont jalonné notre chemin. Ce lien émotion/cognition va donc structurer nos pensées et nos choix de vie.
Dès lors, prendre conscience de son monde intérieur est une première étape pour comprendre comment nous nous inscrivons dans notre environnement et de quelle façon nous interagissons avec.
Nous sommes le tout créé par notre corps, notre fonctionnement physiologique, nos sensations physiques, nos pensées, nos émotions, notre conscience. Nous sommes ce tout grâce à toutes nos expériences engrangées.

L’écologie intérieure sera donc la manière dont nous allons améliorer notre écosystème intérieur (guérison de blessures de l’enfance, acceptation du cadre familial, etc.) puis comment en l’améliorant, nous pourrons améliorer notre entourage.

Dès que nous prenons conscience de ce tissage de vies, nous comprenons notre besoin des autres et acceptons nos différences. La somme de nos différences fait notre force.
Il n’est alors plus question de contrôler la vie mais bien d’avoir confiance en son incertitude.

Quel monde voulons-nous?

Petit-à-petit, avec nos prises de conscience, nous acceptons cet état actuel et voulons œuvrer pour avancer vers ce qu’il nous semble mieux.
A l’échelle astronomique, la Terre continue son bonhomme de chemin. Ce n’est pas tant la Terre que l’humain qu’il faut sauver.

Nous pouvons avancer ensemble, différents et complémentaires avec 4 principes pour nous guider:

Conscience
Intégrité
Responsabilité
Cohérence

Conscience de ce que nous sommes, nos pensées, nos émotions, nos tensions, nos envies, nos besoins, etc.
Intégrité, c’est-à-dire une motivation totale à agir en accord avec soi.
Responsabilité, dans nos actes et nos paroles, essayant de comprendre leur portée au-delà de ce que nous en percevons.