Il y a un peu plus de 25 ans, je me suis demandé comment guérir de ce qui me faisait souffrir. 

 

Était-il possible de supprimer les souvenirs, les vécus qui me brûlaient comme un morceau de charbon ardent que je n’arrivait pas à avaler ? 

 

Était-il possible de supprimer ce souvenir? Mais, que serais-je sans ce souvenir/expérience qui faisait de moi ce que je suis là?

 

J’ai préféré prendre le risque d’avoir mal que de rester calfeutré à l’abri de tout.

Je me suis engagé dans la vie comme dans mes randonnées: j’ai toujours préféré les sentiers de montagnes, parfois très peu fréquentés aux grands chemins. 

 

Sur ce genre de sentiers, on ne sait jamais ce que l’on va rencontrer, ni la difficulté du cheminement. Il y a de grandes descentes, de rudes montées, le froid ou la chaleur. 

 

Mais, au bout de chaque randonnée, on est rempli d’images, de paysages, de sensations et surtout d’expériences qui nourrissent et nous permettent d’aller plus avant.

 

Nous sommes la somme de nos expériences passées. Certaines restent coincées, en digestion, en intégration. Alors quoi et comment faire?



“Quelle que soit la personne que tu rencontres, sache qu’elle a déjà plusieurs fois traversé l’enfer.”

Christian Bobin

Dans tout chemin de vie il n’est pas, il n’est plus question de fuir ou de cacher ses souffrances. Tous, sans exception, avons été, sommes et serons soumis à des expériences difficiles. Il est un moment nécessaire de regarder en soi, de voir les blessures et de leur permettre de devenir cicatrices.

 

Vivre dans un état exempt de souffrance est pour le moins utopique ou juste une vue de l’esprit.

 

Une part de nous va tout faire pour éviter la moindre situation douloureuse, le moindre risque. Cette part qui veut garder le contrôle, dirigée par nos peurs.



 

Alors comment peut-on accepter les écorchures ou les risques de l’être?

Etes-vous prêt(e) à vivre?

Généralement, par peur de ce dont nous avons souffert, de ce dont nous souffrons encore et de ce qui pourrait nous faire souffrir, nous érigeons des murs et nous carapatons derrière, au fond de nous. 

 

Se rendre compte de ce que nous avons traversé est l’étape nécessaire. Oser calmer un peu le jeu, regarder dedans et aider les plaies à se refermer.

 

Quand ce pas est fait, un sensation de légèreté peut naître: la vie porte en elle des tribulations mais comme le dit si bien ce proverbe:

“S’il y a un souci, trouve la solution. Si tu ne trouves pas de solution, peut-être n’y a-t-il pas de soucis.”

 

Ok, un rien simpliste mais ce positionnement permet de caler le cap du mental sur: 

 

« j’avance »





Nous voulons protéger ceux que l’on aime et allons autant que possible leur éviter les souffrances que nous avons connues. 

Dans certains cas extrêmes, nous allons tout faire pour éviter les souffrances que nous avons connues, éviter celles que nous ressentons aujourd’hui et éviter toutes celles qui pourraient advenir. Dans ce cas de figure, cela fige l’être aimé et l’empêche d’avancer dans la vie.

Si nous avons des enfants, avec ces peurs non reconnues, nous essaierons d’éviter que eux-mêmes ne souffrent et, de ce fait, nous les empêchons d’avancer dans la vie et de grandir. Il n’est alors plus question d’aborder la vie avec cette peur de souffrir.



Il est question d’accepter les tribulations possibles, de se jeter corps et âme dans la Vie avec confiance et abandon dans ce qu’elle va nous enseigner. Plus de dualisme en classant en bien et mal, en ne cherchant que l’agréable mais d’accepter les expériences comme elles sont,  certaines agréables, d’autres moins, toutes porteuses d’expérience.

 

Conscient que cette part qui a été en souffrance, qui veut garder le contrôle, qui ne veut surtout voir ni les peurs, ni les ombres, va vouloir être la plus écoutée. Se concentrer sur cette part profonde qui accepte ce risque.



Le chemin de guérir passe par l’acceptation. 

 

Accepter ce qui a été et ce sur lequel je ne peux rien changer. 

Accepter que j’ai des possibilités d’action, dans une certaine mesure mais que tout ne m’appartient pas.

Accepter n’est pas se résigner. 

Accepter, c’est comprendre que le passé est passé, qu’il ne sert à rien de refaire ce passé dans sa tête. Vous avez beau rejouer mille fois chaque scène, elle ne changera pas, elle a été, n’est plus et ne peut plus être.

Accepter, c’est se pencher sur ce qui est maintenant et se demander comment on peut intégrer et utiliser les blessures comme une porte vers un meilleur apprentissage de soi et du monde.



Guérir est un chemin, une reprise en main de soi et de sa vie. 

Seul et ensemble.

 

Dans la vie, nous sommes seul face à nous. Ensemble car c’est dans le partage et la communication que nous avançons.

 

Dans ce même esprit, la guérison n’appartient à personne d’autre que vous et avec des aides, des piliers, des inducteurs qui vous apportent du soin et vous soutiennent sur ce chemin.

C’est dans cet esprit que je pratique chaque jour, avec l’envie de créer du mouvement, au-delà de ce qui m’est donné à voir ou percevoir. Je n’aurais jamais accès à tous les détails qui font qu’une personne à mal (que ce soit au corps, au coeur ou au ventre). Mon rôle est de remonter le fil pour remettre chaque personne debout en elle-même. C’est aussi en cela que la pratique des Vaisseaux Merveilleux est une voie royale car elle remet chacun en son centre, actrice, acteur de son mouvement.



Note aux soignants:

 

En tant que soignant, il n’est pas question de guérir son patient. Il est question d’accompagner. 

 

Nous apportons du soin, la guérison appartient à chaque receveur.

 

Nous pouvons aider le mouvement quand cela semble figé. 

 

Nous pouvons écouter ou questionner, mais nous ne pouvons pas forcer le mouvement ni sauver ce que nous croyons voir chez l’autre.



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images: bibheist.art