L’abandon n’est pas une chute.
Ce n’est pas une reddition, ni une fuite.
C’est une fonte.
Un glissement lent de soi-même,
comme si le corps, las d’être frontière, devenait rivage.
C’est la fin du contour rigide,
la ligne de défense s’efface,
la posture se dissout dans le simple fait d’être là.
Le dos cesse de tenir le monde.
Les épaules ne sont plus des murs.
La mâchoire oublie la morsure qu’elle retient depuis longtemps.
Le souffle descend.
Il s’installe.
Il habite.
Les muscles ne se détendent pas, ils s’oublient.
L’abandon, c’est ce moment rare
où le corps cesse d’avoir un rôle.
On ne le tient plus,
on s’y glisse comme dans une eau tiède,
sans résistance,
ni volonté.
Et dans cet effacement du vouloir,
dans cette douceur presque animale,
quelque chose s’allume, très loin :
la vérité du vivant sans effort.
Car l’abandon véritable n’est pas un affaissement,
mais un accord profond entre le dedans et le dehors.
C’est l’instant où l’on ne sait plus si l’on respire,
ou si c’est le monde qui respire en nous.
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