Il y a quelques mois, des questions m’ont été posées sur la qualité de présence du praticien de shiatsu et la confiance induite. Notamment, comment améliorer la qualité de présence du praticien (merci Caroline pour l’amorçce des réflexions). 

Lors de la retraite Odo shiatsu de cet été, le thème que je proposais avait pour titre « Présence du praticien, entre peur de mal faire et peur de faire mal ». Cela nous permettait d’observer nos pratiques et de susciter une qualité d’être du praticien, plutôt qu’un apprentissage technique.

Dans mon parcours, après avoir fait 6 ou 7 fois la première année auprès de Kawada Senseï (étant assistant dans cette première année, j’ai pu ingérer la technique et des détails qui sont peu évidents), je me suis rendu compte que j’avais une certaine maîtrise technique mais que ma pratique semblait plafonner. 

Comment, alors, aller plus avant? 

La réponse que j’ai trouvé était non pas en cherchant de nouvelles techniques complémentaires mais en creusant en moi.

C’est ce que j’appelle en stage et aux cours: la qualité d’être.

Au fur et à mesure de mes recherches et expérimentations, j’ai eu les retours de la qualité des soins qui augmentait avec ma qualité de présence, qui elle-même augmentait la confiance du receveur.

De la présence

 

La présence du praticien vient lorsque nous sommes totalement investit dans le soin que nous faisons. Une présence dans ce qui se passe dans nos mains, une présence aux réactions du receveur et une présence à ce qui se passe en soi et autour de soi.

Cela demande un certain temps de pratique.

 

De cette présence découle naturellement l’absence: l’art de s’effacer pour que le receveur reprenne sa place en être autonome et responsable. Cela nous demande un petit effort d’oser lâcher et s’effacer (j’y reviendrai dans un autre article).

Tout ceci est question aussi de conscience: prendre conscience de ce qui se joue dans nos mains et aussi prendre conscience que ce n’est pas qu’un corps que l’on touche. C’est bien plus que ça.

Nous touchons une personne à travers son corps.

Nous avons donc une belle responsabilité. Notre façon de toucher implique une réaction et une prise de conscience de la personne touchée dont nous n’avons que très peu d’informations sur le vécu engrammé.

 

De la confiance

 

La présence et l’efficience augmente avec la confiance.  

La confiance est multiple. 

Il y a la confiance qui vient de notre façon à avoir pu répéter longuement les techniques de bases (lire Instant, présent, Ichi-go, ichi-e). C’est une pédagogie très japonaise: rien n’est trop explicité, on regarde faire encore et encore, on pratique sans relâche encore et encore, sans laisser le mental s’enflammer, en prenant plaisir à chacun des gestes, en essayant de sentir l’essence du geste.

Il y a la confiance en soi qui vient de nos propres expériences, de la façon dont nous les avons digérées et nourries et de notre capacité d’exploration intérieure. C’est une responsabilité que chaque thérapeute devrait avoir: comment accompagner quelqu’un d’autre si soi-même n’allons pas bien.

Je parle de confiance et non de certitudes. Je rencontre parfois des personnes qui cache leur manque de confiance derrière le voile d’une certitude insolente. Kawada senseï, lors de nos discussions sur la pratique, me disait qu’une personne qui se montre trop sûre et trop forte cachait sans doute des doutes et un manque de confiance.

Il y a la confiance qui fait que le receveur s’abandonne totalement dans vos mains. 

Il y a aussi, et c’est important, la confiance que le praticien a dans le receveur.

Donner un shiatsu, c’est comme faire un cadeau. On offre avec un certain abandon, avec plaisir et coeur, le receveur en fera ce qu’il peut. Ainsi, chaque receveur fera au mieux, en fonction de sa réalité, pour recevoir le shiatsu, que ce soit en simple détente et mieux-être ou en thérapeutique.

Le bien-être est déjà thérapeutique.

 

Il y a, pour finir, la confiance. Celle qui est au-dessus de toutes les autres. Celle de ressentir les mouvements de la Vie, celle qui est présente dans un tsubo, dans la vie du receveur ou dans sa propre vie. La confiance qui nous murmure à l’oreille de nous abandonner à ce qui est proposé tant pour le receveur que le donneur. La technique n’a plus à être réfléchie, elle se fait seule à travers nos mains. Cela est le résultat d’un long apprentissage technique et de répétitions hypnotiques. On peut alors s’abandonner aux moment, aux ressentis, à l’instinct de faire bien.

 

 

C’est un immense champs de recherche, d’expérimentation et de vie s’étend devant nous.

 

Pratiquons, pratiquons et pratiquons!