Notre façon de nous exprimer ressemble tristement à un Tinder d’opinion: ça matche ou pas. Révélant une dérive manichéenne de nos choix.
Pour ou contre le voile musulman?
Pour ou contre le réchauffement climatique?
Pour ou contre les produits laitiers?
Pour ou contre les centrales nucléaires?
Pour ou contre le bio?
Pour ou contre les vermicelles dans la soupe aux tomates?
Noir ou blanc.
Un peu comme si notre vision étaient réduite à ces 2 couleurs, sans nuances de gris. Pourtant, nous apprécions nos écrans à la palette de couleurs infinies, nous apprécions nos appareils photos haute résolution.
Si je prends l’exemple de la fabrication d’un tel appareil photo, la maison mère peut être au USA, les designers en Italie, les composants électroniques viennent du monde entier, il est assemblé en Chine, packagé au Vietnam, la notice explicative est dans toute les langues. Pour ce faire, tout le monde a réussi à se mettre d’accord.
Mais s’il s’agit d’une opinion, d’une idée politique, d’une orientation religieuse, on arrive vite au un conflit. (Merci à Vincent Claeys Bouuaert pour cet exemple lors d’une de ses conférences).
Opinion: Jugement, avis, sentiment qu’un individu ou un groupe émet sur un sujet, des faits, ce qu’il en pense. (Dictionnaire Larousse)
Une opinion n’est alors rien d’autre qu’une émulsion mentale, un espuma de neurone, une errance cérébrale qui nous enferme dans nos croyances, plutôt que voir les faits.
Avant ou arrière. Gauche ou droite. Oui ou non. D’accord ou pas d’accord. Pour ou contre.
Nous acceptons de nous réduire à ces 2 dimensions. Si nous élargissions notre espace, notre point de vue? Déjà dans une 3ieme dimension en prenant un peu de hauteur. Puis à une 4ieme dimension, celle du temps, en choisissant notre moment d’action ou en laissant le temps de digérer une information
Ok mais pour ou contre?
A toutes ces questions, je pourrai vous répondre: pour et contre, tout depend du contexte et des réalités. Nous avons besoin de nuances. C’est aussi ça la richesse de notre société, les nuances que nous portons en nous.
Pour ou contre l’uniformisation et la lobotomie généralisée?
“Ah, facile, encore un provocateur et un donneur de leçon!” Direz-vous.
Nous sommes directement responsable de nos idées, de nos consommations. Nous pouvons avaler sans réfléchir certaines informations, certaines idées pré-mâchées, tel un fast-food médiatique, nous pouvons faire nos achats dans des grands magasins ou chez des producteurs voisins, nous pouvons nous poser des questions et oser remettre en questions nos choix et nos habitudes. Prendre le temps de ne plus regarder ce que fait la voisine et voir ce que moi je veux.
Prendre le temps.
Prendre ce temps nécessaire pour digérer, ce que j’ai en moi, mes jugements, mes émotions.
Prendre le temps d’élargir mes idées, sortir de mes jugements, accepter ma réalités, d’autres réalités. Sortir de ce que je crois connaître pour découvrir ce qui est, de nouvelles réalités.
Voyager, lire, découvrir nouvelles cultures, goûter de nouveaux repas et, malgré la différence, se sentir relié.
Prendre le temps de se rendre compte que je ne peux répondre « pour ou contre » à aucune question, que j’ai en moi tout un nuancier, que je suis pour et contre et c’est fort bien.
Prendre le temps de constater que mon besoin n’est pas plus de nouvelles croyances, d’autres opinions mais des actions. Pas celles qui pourraient tomber du ciel, pas celles que j’attends des autres, non, celles que je peux faire moi-même, même si cela semble être un petit pas, celles que j’ai tout au fond de mon ventre.
Sentir que mes choix m’appartiennent, que je peux faire ce que je veux pour améliorer ma vie.
Reprendre conscience de ma liberté.
Prendre goût à ma liberté.
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