Désirer, c’est tendre vers un idéal. C’est posséder ce qui ne m’appartient pas et qui m’échappe.

Dans ce sens, le désir est l’illusion d’un objet idéalisé et cet objet idéalisé ne peut refléter qu’une partie de sa réalité.

Notre système tend à remplacer l’être par de l’avoir. Cette économie, pour perdurer, doit continuer à tourner et à faire tourner les entreprises en générant et en maintenant de la croissance, en créant l’envie d’avoir et en habituant chacun de nous à croire qu’un vide intérieur pourra être combler par de l’avoir extérieur, en diminuant le temps d’introspection et de dialogue intérieur pour accéder à ses vrais besoins.De plus, nos sociétés nous éduquent à nous différencier des autres tout en restant identifiable des groupes dans lesquels nous évoluons. Ainsi, par un objet nous pouvons nous distinguer tout en s’intégrant dans un certain groupe et nous nous sentons rassuré.

Dans notre culture judéo-chrétienne, un désir doit être refoulé car potentiellement nocif. Pourtant, cette négation du désir ne peut que générer de la frustration. Le non-avoir renforce d’autant plus la volonté d’aller au bout de son désir. Dans certaines cultures orientales, un désir doit être reconnu, comblé avant de pouvoir s’évanouir laissant ainsi la place au(x) suivant(s). Au bout du chemin, à force de reconnaître nos désirs, de les combler en pleine conscience, ceux-ci se tariront.

Sans émotions, la vie est fade et plate. Chaque désir est chargé d’émotions. Ces charges émotionnelles nous permettent de sortir de la routine quotidienne et du conformisme. Le désir est alors créateur mais également source de frustration. Si notre lassitude est forte, que la charge émotionnelle est trop présente, nous perdons contact avec notre réalité. La situation devient alors destructrice car nous sommes dominé par nos émotions (à l‘inverse de la pleine conscience qui devient créatrice).

« Vivre sans désir, c’est renoncer à exister »

Il y a là une différence notable entre vivre et exister. Vivre, c’est maintenir nos fonctions vitales en ordre. Exister, c’est laisser monter à la surface ce qui se passe tout au fond de soi, aller dénicher nos ressentis, les assumer. Exister ne peut aller sans désirer. Assumer pleinement ses désirs, sans se laisser dominer est un pas vers le bonheur.

Personnellement, je suis beaucoup plus proche de la vision orientale. Assumer pleinement ses désirs, dans la plus grande compréhension possible de ceux-ci. Les accepter, les comprendre, les vivre sans en être dépendant. Malheureusement, le fonctionnement de notre société ne va forcément pas dans ce sens. Notre économie capitaliste, pour pouvoir se maintenir, fait en sorte de multiplier les objets de désirs, les consommer parfois à outrance et, surtout, sans se poser de questions.

Ce processus se nomme aussi la croissance, toujours plus, ne pas s’arrêter, si une angoisse me prends, je me rue dans un magasin ou vers une quelconque expérience pour calmer tout ça. Désirer un objet (que ce soit un vêtement, une voiture, une maison, un smartphone…) nous offre la possibilité de voir et comprendre l’image que l’on souhaite donner de soi. Certes, l’objet peut procurer du plaisir mais est-il vraiment utile à une nécessité de vie ou vient-il juste rassurer cette crainte existentielle ?Quand on a été au bout du processus, on se rend compte que l’objet n’a été qu’un moyen d’aller plus profond en soi, de comprendre qui l’on est.Comprendre ce processus, le vivre est un chemin vers une sobriété heureuse.

Un désir n’est alors qu’un moyen, non plus le but. C’est accepter d’être et non plus avoir. Petit à petit, nous percevons l’avoir comme un pansement superficiel pour rassasier une angoisse existentielle et que l’être est un bien meilleur moyen.