Il m’est souvent demandé de définir ce qu’est le kharma. Pour les esprit occidentaux que nous sommes, il faut parfois du temps pour bien le comprendre sans entrer dans une caricature.

Le terme « kharma » est définit comme « la loi de causalité » : toute action implique une réaction.

Dans la pensée asiatique, ce concept va bien au-delà de notre personne et notre vie présente. Partant du principe de réincarnation, nos réalités de vie sont non seulement le résultats d’actions passées dans cette vie et aussi d’actions des vies précédentes. Cette notion va également plus loin que le cadre personnel puisqu’elle intègre le kharma familial, de la ville où l’on vit, du pays, du peuple…

Voici un extrait d’un texte assez populaire dans bouddhisme « les questions du roi Milinda »:

Le roi Milinda demande Nâgasêna :

«Pourquoi les hommes ne sont-ils pas tous semblables ? Pourquoi certains ont-ils une vie brève et d’autres une longue vie ? Pourquoi certains sont-ils laids, d’autres beaux ? Pourquoi certains sont-ils puissants, d’autres riches, d’autres pauvres ? Pourquoi certains naissent-ils dans une basse condition sociale et d’autres parmi les hautes classes de la société ? Pourquoi certains sont-ils stupides et d’autres inteligents ? »

Nâgasêna répondit :

« Pourquoi toutes les plantes ne sont-elles pas semblables ? Pourquoi certaines ont-elles une saveur aigre et d’autres sont-les salées ou âcres ou acide ou astringente ou douce au goût ?

« Il me parait », dit le roi, « que ces différences proviennent de la différence de qualité des semences. »

« Ainsi en est-il, ô roi, des différences que vous avez remarqué parmi les hommes et dont vous me demandez la raison. Les êtres ont chacun leur kharma propre, ils sont héritiers de leur kharma. C’est ce kharma qui les classe selon toutes espèces de catégories. (…) Mes kharmas, mes oeuvres, mes actions, sont mon bien, sont mon héritage. Mes oeuvres sont la matrice qui m’a engendré. »

En continuant sur l’analogie de la graine, nous pourrions voir cette notion à partir d’un arbre. Ses graines sont éparpillées. Les conditions dans lesquelles ces graines vont tenter de pousser sont dépendantes de 2 choses : (i) leur état propre, (ii) dans conditions dans lesquelles elles se retrouveront. Certaines dans l’interstice d’un rocher, d’autre en plaine, dans un sous-bois, au bord d’un ruisseau ou dans un endroit aride, les conditions climatiques qu’elles rencontreront seront aussi décisives. Une graine pourra germer et grandir sur un rocher, s’adaptant aux conditions de vent, de pluie. Par contre, certaines jouissant des- conditions apparemment plus favorables pourront subir des conditions climatiques tellement dures que l’arbrisseau finira par dépérir.

Au final, tous les arbres qui auront réussi à grandir et s’adapter seront parfaits pour les conditions qu’ils auront eues.

Il en est de même pour l’homme. Nous atterrissons dans une certaine famille, dans un quartier, une ville, un pays et tout cela détermine déjà notre terreau. A partir de cette situation, chacun allons nous adapter au mieux, grandissant au mieux pour les conditions données.

Et puisque chacun de nous aspire au bonheur, nos actes seront dictés par cette recherche de bonheur et guidés par nos apprentissages. Ces apprentissages sont plus ou moins bien vécus et notre ego risque de nous enfermer dans une vision stricte des choses. Autrement dit, il est important de comprendre ce qui nous arrive, d’en tirer la plus grande conscience.

La compréhension n’est pas faite pour se courber de manière fataliste sous le joug du destin mais bien de comprendre, accepter et s’améliorer. Accepter les résultats de nos actions passées, devenir meilleur en comprenant ces principes et en anticipant nos actions présentes afin d’adoucir l’avenir. Mieux tolérer l’autre, ses choix, ses actions, son mode de fonctionnement, ses aspirations. Porter chaque action en conscience et accepter son destin. Rejeter tout acte négatif et tendre vers le positif, le bon.

Les Chinois considèrent le destin et le kharma avec pas mal d’humour puisqu’ils disent que nous sommes comme une chèvre attachée à un piquet, pas totalement libre de nous mouvoir mais libre d’adapter notre territoire.

Asseyez-vous dans un endroit calme où vous ne serez pas dérangé pendant 15-20 minutes. Portez votre attention à votre respiration. Laissez-la se calmer petit-à-petit. Quand vous vous sentez calme, visualisez-vous bébé auprès de vos parents. Cet environnement familial va déjà vous conditionner. Vos parents vont faire leur possible pour vous aider à grandir, malgré leurs travers, leurs peurs qu’ils transmettront. Ensuite, grandissant, les personnes que vous croiserez vont aussi vous apporter certaines expériences. Et il en sera ainsi tout au long de votre apprentissage.

 

Nous sommes le résultat de nos rencontres, nos expériences.

Libre à nous de nous alourdir ou de s’en nourrir.

Nous naissons avec un potentiel infini mais cloisonné.